Cet article légèrement remanié est paru dans le numéro 148 du Nouvel Educateur en avril 2003.
2.Comment a été créé ce site - Quelle évolution?
3. Quel bilan après quatre ans de pratique?
4. Pourquoi un site de classe différent du site d'école?
5. Quelques conseils pour la mise en place d'un site Internet
B. utilisation d’un générateur d’exercices
C. Autres logiciels utilisés dans la classe.
En 1998, nous (nous = ma classe + celle de Bruno) avons créé un site d’école appelé « Anatole le Canard » en référence à notre ancien journal. Nous avons obtenu un abonnement gratuit à AOL, avons acheté un logiciel de mise en page web (Adobe Pagemill). Nous avions un ordinateur relié à Internet, et 5 autres ordinateurs, du 386 au Pentium 133.
Les enfants avaient créé quelques pages web, sur Blain, la forêt du Gâvre, le Canal de Nantes à Brest, sur d’autres exposés. Nous avions aussi créé un petit jeu de questions/réponses : le saviez-vous ? … Mon collègue Bruno, de son côté avait fait l’historique du projet Coménius auquel nous avions participé, ainsi que la présentation de son journal « Lire un Jour », écrit en collaboration avec les élèves du collège. Enfin Sarah avait consacré les derniers jours de l’année scolaire 1998-1999 à la mise en forme de son roman Un Lion Dans La Chambre.
D’autre part, les enfants utilisaient Internet de façon ponctuelle, principalement pour la recherche documentaire.
Les deux années 1997-1998 et 1998-1999 ont donc été une prise de contact sporadique avec un nouveau mode de communication, intéressant certes, mais sans réel investissement des enfants, sans retours extérieurs ou presque.
En début d’année 1999-2000, je décide d’axer beaucoup plus ma pratique de classe autour de cet outil. J’ai la certitude qu’on peut en faire quelque chose de très valorisant, pourvu qu’on s’en donne les moyens.
2. Comment a été créé le site ? Quelle évolution?
Quelle était la situation en ce début d’année ?
Matériel : nous disposions d’une salle informatique (pour 12 classes + 7 classes de maternelle), avec 2 ordinateurs sous Windows 95 reliés en réseau, une connexion par modem. Nous avions en plus quatre ordinateurs non multimédia (386 ou 486) sous Windows 3.11.
Dans la classe, nous avions deux 486 SX 25 sous Windows 3.11.
Nous avions acheté le logiciel de mise en page Web Pagemill 3.0.
L’école disposait également d’un scanner (de mauvaise qualité), d’un appareil photo numérique (acquis grâce à notre participation au projet Européen Coménius) et d’une imprimante.
Site : site d’école fonctionnant depuis deux ans. Peu de mise à jour.
Elèves : 21 élèves de cm1-cm2. Très peu avaient déjà eu des contacts avec Internet. Quelques-uns déjà familiarisés avec l’informatique.
Maître : bonne connaissance informatique. J’avais un site perso depuis un ou deux ans, que j’avais développé sous Netscape composer, puis sous Pagemill. Peu de travail sur la mise en page, travail essentiellement textuel.
Sensibilisation
La première chose à faire en ce début d’année était bien évidemment de sensibiliser les enfants. La découverte a d’abord été collective, puis par petits groupes accompagnés du maître. Au bout d’un certain temps s’est institué la pratique suivante : il y a tous les jours deux responsables « journalistes ». Leur travail est de noter tout ce qui se passe en classe pour le cahier de vie, et d’aller rechercher sur Internet un texte qui leur plaît qu’ils pourront lire ensuite à la classe. Pour cela, j’ai rendu accessible un certain nombre de sites d’école dans les « coups de cœur » d’AOL (sur Netscape, ce serait des signets).
Nous avions la chance d’avoir comme correspondants la classe de cm2 de Patrick Aslanian. Leur site étant très complet, la fréquentation de leurs différentes pages a constitué une sorte de référence, de modèle.
Construction et développement d’un site
Il m’a semblé que pour pouvoir avoir un investissement des enfants, il fallait avoir un site immédiatement utilisable et agréable graphiquement. J’ai donc créé un squelette de page permettant d’insérer leurs productions principales. À partir de la page index, j’ai créé une arborescence très simple (élèves – textes libres, dessins…).
Au début, je me suis chargé de tous les problèmes techniques. Les enfants tapaient leurs textes et je les récupérais sur disquette pour les insérer sur le site. Chaque matin, lors du « Quoi de neuf ? », les enfants proposaient leurs dessins qui étaient insérés sur Internet après avis de la classe. Mon souci principal était la rapidité: les travaux qui m’étaient confiés étaient dès le lendemain en ligne et les enfants pouvaient les voir en se connectant. Nous avons rapidement rajouté la teneur du cahier de vie de la classe, et quelques photos (les photos étaient prises par les enfants).
Les enfants pouvaient voir le site de la classe, soit lors des visites collectives dans la salle informatique, soit lors de leur travail de « journalistes » sur Internet.
En janvier 2000, l’école a acheté des ordinateurs « dépassés » ( des 486 avec un écran 13 pouces) au prix abordable de 450 F l’unité. La classe a donc récupéré 4 ordinateurs supplémentaires sur lesquels j’ai pu installer un logiciel de mise en page web. Dès ce moment, j’ai pu proposer aux enfants d’intervenir sur le site. Nous avons commencé par la mise en page des exposés (changer la couleur du texte, changer le fond, etc.). Rapidement, les enfants ont exprimé le souhait de changer leurs pages personnelles. J’ai donc constitué plusieurs catalogues de dessins dans lesquels ils pourraient puiser: un catalogue de fonds, d’animations, de dessins, de lignes, etc. Ils travaillaient donc avec deux programmes ouverts simultanément: le logiciel de mise en page et un logiciel de visualisation de dessins (ACDSee). Pour illustrer leurs textes, ils notaient le nom de ce qui leur convenait et l’intégraient dans leurs pages.
Je récupérais tout le travail qu’ils avaient accompli (pendant leur temps de « projets ») sur une disquette et j’effectuais la mise en ligne de chez moi.
Il est à noter, ce qui n’est pas étonnant, que les enfants se sont beaucoup plus investis encore quand ils ont pu participer à la mise en valeur de leurs travaux. Ils ont suggéré l’ajout de nouvelles rubriques, l’amélioration de certaines pages (« ouais, la page élèves est moche, on ne devrait pas laisser les lignes visibles dans le tableau ») , etc.
Je continuais à mettre à jour très régulièrement toutes les productions des élèves et à m’occuper de l’entretien du site. J’assurais une mise en page minimale, de façon à ce que les travaux soient immédiatement visibles et disponibles. Tout le monde avait donc ses productions exposées, même ceux qui n’ont pas le temps de s’occuper de leurs pages parce qu’ils avaient d’autres priorités, qu’ils n’en avaient pas le goût, etc.
Quelle évolution ?
Petit à petit, le site a évolué : nous avons remporté deux prix importants qui nous ont permis de nous équiper de façon plus correcte (le prix Gutenberg du meilleur site d’école du Grand Ouest et le prix « Globe trotter de l’Internet » d’AOL). Nous avons acquis des ordinateurs à bas prix et nous les avons connectés en réseau, ce qui a changé totalement notre façon de travailler. Nous avons actuellement dans la classe 11 ordinateurs en réseau.
Comment travaillons-nous
actuellement ?
Nous avons maintenant du matériel confortable : mon portable, un Duron
650 Mzh, et 9 pentium (du 133 au 233), une imprimante laser, un appareil photo
numérique ( à partager avec les autres classes), un scanner pour
deux classes. Nous avons accès à Internet dans la classe, sur
tous les postes(connexion RTC pour l'instant).
La mise en réseau permet de travailler directement sur le site : tout
est enregistré sur mon portable.
Nous travaillons avec le logiciel macromedia Dreamwaever 2 (téléchargeable gratuitement sur Internet). Nous n’en utilisons qu’une partie infime…
Les enfants ont chacun leur page Internet, sur laquelle ils recopient tous leurs textes libres, ajoutent des animations, leurs dessins, changent le fond, la couleur du texte, etc. Chez moi, je corrige et vérifie les textes, les récupère pour le journal hebdomadaire de la classe. Je rectifie les petites erreurs techniques éventuelles. Lorsque tout est prêt, j’envoie la page chez notre hébergeur (Lycos).
Pour les comptes-rendus d’expériences, les présentations de livres, les dessins, j’ai créé des modèles (pages préformatées),ce qui permet une plus grande rapidité de mise en forme. Pour les exposés, préalablement tapés sur Open Office, un « copier-coller », suivi de l’intégration des illustrations et une mise en page rapide suffisent.
Au niveau de l’apprentissage du logiciel, j’utilise la technique « boule de neige ». J’apprends à un ou deux enfants à manipuler, charge à eux de former de nouveaux « spécialistes ». Les enfants maîtrisent plus ou moins rapidement, mais au bout de trois mois, tout le monde est à peu près au point. Le plus difficile est de savoir se déplacer dans l’arborescence du site (d’autant plus pour des connexions réseaux) et je dois encore intervenir fréquemment à ce niveau.
Je m’occupe seul de certaines parties du site : la mise en ligne du cahier de vie, la rubrique créations mathématiques, les pages récapitulatives « textes libres », « dessins », etc. Je m’occupe aussi de la retouche des photos ou des dessins).
3. Quel bilan après quatre ans de pratique ?
• Un site Internet de classe est une situation de communication vraie : on écrit, on produit, on crée, … et on est lu et vu par beaucoup de personnes de tous les pays (on nous lit au Japon, en Amérique Latine, au Liban, dans d’autres pays d’Europe…). On peut regarder les statistiques, voir qui nous lit, quelles pages sont regardées, etc. On peut mettre en valeur nos textes, nos dessins, nos réalisations: on peut rajouter un fond agréable, une animation, jouer de certains effets (transparence des images…) Par l’intermédiaire du Cahier de vie dans lequel nous racontons tout ce qui se passe dans la classe, on permet à tous nos lecteurs de participer un peu à notre vie. On se rend compte ainsi que tout ce qu’on fait a de l’importance. De ce point de vue, notre site est une réussite puisque nous avons de nombreux visiteurs (plus de 44 000 visites en 2002)
• En créant un site Internet, les enfants s’approprient (un peu) un moyen de communication du futur, non pas simplement comme utilisateurs (consultations de sites, recherches, courriel) mais comme créateurs, à leur niveau bien sûr. Internet n’est plus quelque chose de mystérieux, de magique. Ils peuvent le dominer, s’exprimer, relativiser les informations disponibles, commencer à avoir un regard critique.
• C’est un moyen de ne pas rester à l’écart. Dans la classe, un quart à un tiers des élèves disposent d’Internet à la maison. Créer un site Internet de classe, c’est permettre à des enfants de milieu socio-culturel assez pauvre (nous sommes classés « école à favoriser ») d’avoir accès à un mode de communication réservé pour l’instant à des personnes relativement favorisées. Et quand on pense à ce que sera Internet dans l’avenir, il ne faudrait pas que cela devienne un nouveau mode de sélection.
• C’est un matériau assez souple, que nous pouvons plier en grande partie à nos envies, nos projets. On peut facilement rajouter des rubriques, en enlever. Rien n’est figé.
• Il ne s’agit pas bien sûr de créer des spécialistes de la mise en page Internet, cela n’aurait pas de sens. Le principal pour les enfants, c’est de produire, de créer. Chaque enfant doit pouvoir s’y investir à sa façon, sans contrainte. Il a le droit également de ne pas s’y investir, et avoir d’autres motivations.
• Dans ce projet, la part du maître a été importante : pour les enfants, à priori, travailler pour faire un site Internet ne veut pas dire grand chose. Ce n’est qu’au bout d’un certain temps qu’ils se l’approprient vraiment. Au bout de deux à trois mois, ça devient vraiment « leur » site : beaucoup restent pendant la récréation fignoler leur page, regarder les productions des autres, les réalisations des élèves des années précédentes. Ils aiment aussi beaucoup s’envoyer des messages, de l’un à l’autre, dans lesquels ils font part de leurs remarques sur leurs pages respectives.
• Par contre, en ce qui concerne les retours (courriel), le bilan est plutôt négatif: peu de personnes nous écrivent, et ce sont essentiellement des enseignants !
• Un de mes buts en créant le site était également de favoriser la correspondance avec d’autres classes, chacune ayant un site et réagissant très fréquemment sur ce qu’elle pouvait lire ou voir. C’est raté pour l’instant, même si un embryon de ce type de correspondance a eu lieu l’an dernier, mais je ne désespère pas…
• Le site Internet de classe n’est pas suffisant: si on veut que chaque famille soit au courant de notre travail, il faut le coupler avec un journal: nous avons donc un journal de classe hebdomadaire. Les productions (textes libres, dessins, compte-rendu d’expérience…) sont publiées sur les deux supports.
4. Pourquoi un
site de classe différent du site d’école ?
Le site de classe permet à mon avis d’impliquer beaucoup plus chacun des enfants, il permet une réactivité et une appropriation beaucoup plus grande. Mais le site d’école et celui de la classe ne sont pas antagoniques, mais complémentaires. Certaines de nos enquêtes, de nos recherches trouveront place sur le site de l’école. Nous avons trois sites de classes parallèles. Les enfants regardent ce que font les camarades de l’autre classe, échangent. Ca donne des idées aux autres… Et les maîtres échangent beaucoup sur ce qui se passe sur leurs sites.
5.
Quelques conseils pour la création d’un site Internet
Il faut (je n’indique que les ressources gratuites):
• Un logiciel de mise en page Web (Dreamweaver
2, la partie édition HTML d’Open
Office…)
• Un hébergeur chez lequel vos fichiers seront publiés (Free par
exemple).
• Un logiciel FTP de transfert de vos fichiers de votre disque dur à
un hébergeur (si vous choisissez Free, la configuration de ce logiciel
y est expliquée)
• Un logiciel de retouche d’image (fourni avec votre scanner le plus souvent)
Les plus grandes causes d’erreur, au début, sont les erreurs de syntaxe: le nom d’un fichier ne doit pas avoir d’espace, ni d’accent. Seulement, quand vous testez le site sur le disque dur, tout fonctionnera, et vous mettrez du temps à trouver l’erreur.
Je conseille également, avant de se lancer dans la classe, de créer son propre site perso, sur ses vacances, ou ce que vous voulez… Il faut beaucoup se tromper avant de maîtriser le sujet…
Enfin, quand vous publiez votre site, il faut le faire connaître ! Pour cela, il faut se référencer auprès des moteurs de recherche, qui ont généralement un formulaire à remplir pour cela.
Si vous voulez savoir si vous êtes lus, il faut aussi intégrer un compteur ou un outil de statistique sur vos pages.
6.
Adresses Internet :
Site de la classe : http://freinet.org/creactif/blain/cm/
Site perso de Claude Beaunis : http://plano.free.fr/
Téléchargement Dreamweaver 2 : http://tutoriaux.lautre.net/anciens/dw2/
Téléchargement Open Office : http://fr.openoffice.org/
Outil de statistique: http://www.xiti.com
B. utilisation d’un générateur d’exercices
Depuis l’an dernier, j’utilise le logiciel Hot Potatoes, qui permet de créer six types d’exercices : questionnaires à choix multiples, questionnaires à réponse attendue, mots croisés, closure, phrases en désordre, exercices de correspondance. Ce logiciel a été créé par l’université canadienne de Victoria. Il est gratuit, mais il faut s’enregistrer pour qu’il soit pleinement fonctionnel. Il est entièrement paramétrable, et dispose d’une traduction française. On peut l’améliorer en lui rajoutant des « scripts ».
J’utilise ce logiciel de
deux façons :
• création de « jeux » par les enfants à partir de
leurs exposés, devinettes, etc.
• création d’exercices autocorrectifs, à partir du plan de formation
de la classe, des créations mathématiques ou autres. http://plano.free.fr/exercices/indexweb.htm.
Ces exercices sont intégrés dans les plans de travail des enfants.
Télécharger
hot potatoes : http://web.uvic.ca/hrd/halfbaked/
Hot potatoes scripts
C. Autres logiciels
utilisés dans la classe :
Lectra : c’est un logiciel d'entraînement systématique à la lecture, qui propose un ensemble d'exercices variés visant à améliorer son efficacité. Les exercices sont élaborés à partir d'un texte d'auteur, un texte du maître ou d'un élève (l'enseignant a le choix des textes utilisés). 22,87 Euros + 1,52 Euros de frais de port. http://www.lectramini.com/lectra.htm
Mathoutor
: très utile pour les techniques opératoires, et les maths du
cycle III en général.
http://www.logedu.com/mathouto.html
Wprob, un programme Lilimath : problèmes divers, que l’on peut modifier. On propose dix problèmes, on dispose d’un espace » brouillon pour faire ses calculs… http://b.kostrzewa.free.fr/logiciel/
Clicmenu : interface graphique personnalisable et évolutive, conçue pour lancer en toute sécurité des logiciels et documents sans passer par le bureau ni le menu Démarrer de Windows, ainsi que de nombreux logiciels l'accompagnant (Kit-Ecole et ClicApplic).
les jeux en flash de l'école d'Etrun : des jeux en flash dans tous les domaines. Nous utilisons particulièrement les exercices de math.
Notre site Internet de classe a reçu le prix "Nouveaux Gutenberg 2000" récompensant le meilleur site Internet scolaire du Grand Ouest. (5000F de prix)
Le site Internet de la classe de cm1 de Bruno a reçu le "Net d'or Pays-de-la-Loire 2001"
L'école Anatole France a reçu le premier prix des "Globe-trotters de l'Internet" par AOL récompensant les meilleures réalisations multimédia des classes de cm1-cm2. (22 400F de prix)
Notre site de classe reçoit actuellement environ 25 000 visites chaque mois (sources : Xiti). Il comptait 1248 pages au 19 septembre 2001.
sur notre site d'école: histoire du site - en quoi ce site est-il différent? Réalisation
sur le site de Bruno : pourquoi comment? Bruno explique sa démarche.
sur mon site perso : Pédagogie Freinet, où j'en suis? : pourquoi changer? - l'écriture - la lecture - le travail personnel - les temps de projets - les moments collectifs - quel bilan - quelques réflexions - téléchargement de nombreux fichiers.
sur mon site perso, une étude d'une année de créations mathématiques
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